La qualité du saké est probablement mieux appréciée lorsque l'on trouve de quoi l’accompagner correctement et, s’il s’agit souvent des plats japonais, les habitudes alimentaires et les modes de vie intégrant des éléments de la cuisine japonaise fournissent autant d’occasions de découvrir de bons en-cas se mariant merveilleusement avec le saké. Même en choisissant du poisson comme plat principal, les préférences en matière de graisse et de richesse de goût varient d'une personne à l'autre. Poisson changeant de nom au cours de sa maturité, la sériole est souvent consommée grillée car, en dépit de la richesse de son goût, elle se marie bien avec le saké. Toutefois, de nombreuses personnes lui préfèrent sa version jeune, plus légère, lorsque ce même poisson est encore appelé « hamachi ». Un bol de thon frais accompagné de riz vinaigré complète le goût franc du saké, tandis que la pâte de surimi kamaboko met en valeur le saké. Associé à la cuisine Osechi, le kamaboko souffre peut-être de cette image de plat consommé au début de l’année, mais c'est un en-cas savoureux avec le saké, quelle que soit la saison. Les aliments transformés tels que le satsuma-age, fabriqué à partir de surimi de poisson, et le kamaboko frit, qui a la texture de l’oignon, sont également des candidats appréciés en accompagnement du saké.
C'est peut-être parce que le saké est souvent bu lors d'occasions et d'événements spéciaux qu'on lui colle une étiquette de produit de luxe. Certes, la bière et le cidre sont probablement un meilleur choix pour regarder les événements sportifs ou les cerisiers en fleurs, cependant le saké reste une boisson de gens ordinaires, enracinée dans le tempérament japonais, pleine de vie et d'humanité. Il ne s’agit pas d’une potion magique dont les autres cultures n’auraient pas hérité ! On constate toutefois que les seules villes étrangères qui servent du poisson, du riz vinaigré et du kamaboko adaptés au saké sont actuellement Paris et New York, où de nombreuses personnes sont familiarisées avec la cuisine japonaise.
Boire du saké chaud a un effet revigorant. De même que le vin chaud est servi sur les marchés de Noël en Europe, de nombreux Japonais aiment boire du saké chaud : il est chic de le boire d'un trait, mais on peut aussi le savourer petit à petit, et il est particulièrement délicieux après un bain dans des sources thermales. Certains clients séjournant dans des auberges ryokans dotées de sources thermales considèrent que l'eau chaude et le saké font partie d'un même ensemble. Le moment de la journée où l'on se plonge dans cette eau chaude varie d'une personne à l'autre, mais si l'on considère le saké, c'est généralement avant le dîner ou l'heure du coucher. Après s'être détendus dans une source thermale, les gens sont plus enclins à accepter le goût d'un saké clair, qui non seulement étanchera la soif, mais favorisera également la conversation et la nourriture. Boire du saké après un bain semble maintenir la température et l'humidité corporelles, favorisant ainsi une bonne nuit de sommeil. Enfin, la dégustation de saké à l’aveugle se révèle encore meilleure si elle a lieu dans une source thermale et dans un environnement naturel où les sens sont exacerbés.
Jun